» Tchekhov fait référence au théâtre où se produit Olga Knipper, lequel est à l'époque pour Moscou ce qu'est aujourd'hui pour Paris le Théâtre de l'Odéon. Si le directeur de l'Odéon va prochainement monter Macbeth (il ne semble pas s'orienter vers une réécriture intégrale), la saison 17-18 est pour moitié contemporaine avec des productions comme Saïgon de Caroline Guiela Nguyen ou Tristesses d'Anne-Cécile Vandalem. Doit-on classer « Les Trois Meufs » de Simon Stone (artiste associé à l'Odéon), pardon: Les Trois Sœurs d'après Tchekhov dans cette catégorie? Hélas, oui. Car la pièce est complètement signée Simon Stone. Les trois soeurs stone rose. Il entend parler de la vie comme elle va et de la vacuité des choses aujourd'hui comme Tchekhov l'a fait en son temps, mais son phrasé d'aujourd'hui manque de corps, il sombre très vite dans la facilité langagière des « va te faire enculer » et autre « sucer la bite du capitalisme », bref, dans une langue plate qui tourne à vide. Une écriture relou. Oui, il faut monter des pièces contemporaines.
La finesse de Tchekhov, sa sensibilité, son interrogation sur l'autre, sa recherche d'une exigence et parfois même une certaine cruauté… tout cela a disparu dans un texte qui se débite à la mitraillette et finit déversé dans des sacs Carrefour. Encore un mot... Simon Stone a incontestablement du talent pour diriger des acteurs, il a des idées formidables pour les mettre en scène dans une scénographie remarquable. Tout cela on le savait et il le confirme avec Les Trois Sœurs… dommage que le texte et la construction des personnages ne soient pas à la hauteur. On n'est parfois jamais si mal servi que par soi-même... Une phrase « J'étais en train de penser à quand on était petit… pourquoi est-ce qu'on a dû devenir des putain d'adultes » L'auteur Anton Tchekhov: pour mémoire Simon Stone: scénariste, réalisateur, metteur en scène et acteur australien né en 1984. Les trois soeurs stone series. Artiste associé de l'Odéon. Salué et encensé par toute la critique en 2017 à Avignon pour la pièce Ibsen Huis (La Maison d'Ibsen) qu'il a écrite, inspirée par l'œuvre d'Henrik Ibsen, Pièce qui utilisait aussi le concept de maison de verre.
On renoue avec le projet du dramaturge originel: parler pour combler le vide, pour s'occuper quand on se sait passer à côté de sa vie. La difficulté à communiquer s'insinue dans les conversations, les personnages échangent des banalités mais leurs voix s'ombrent souvent de regrets et de rancœurs. Le présent apparaît comme un lieu à fuir: entre un passé magnifié et un futur idéalisé; revenir aux heures joyeuses de l'enfance, rythmées par les fêtes et les réceptions ou se projeter dans un amour naissant, une existence qui reste encore à construire. La pièce s'ouvre sur les paroles d'Irina, la plus jeune des sœurs: « IRINA: Je me suis réveillée ce matin tellement pleine d'espoir. […] Rimbaud a arrêté d'écrire de la poésie à vingt-et-un ans, je ne fais que commencer. Un Fauteuil Pour l'Orchestre – Le site de critiques théâtrales parisien » Les Trois sœurs, de Simon Stone d’après Anton Tchekhov, à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. OLGA: Tu veux écrire de la poésie ma chérie? IRINA: Non, je veux dire, l'œuvre de ma vie. » Elle exprime sa soif de vivre face à Olga, l'institutrice résignée qui se comporte déjà en « vieille fille » à 28 ans. Et entre elles deux: Macha, épouse malheureuse qui cherche une échappatoire dans sa liaison avec Alexandre, voisin déjà marié à une femme neurasthénique qu'il ne quittera jamais… Plus que trois individus distincts, ces sœurs apparaissent comme différentes incarnations du même: de la même nostalgie et des mêmes aspirations déçues.
Parmi les hommes, Eric Caravaca est dément en éternel camé, qui implique l'art de montrer et cacher en même temps, les drogués exhibant rarement qu'ils sont défoncés.
Écrit en 2016 - français Trois sœurs, trois destins entrelacés. Au fil du temps, les existences se précisent, les choix se figent, les rêves de la jeunesse se dissipent dans la médiocrité ambiante. Les Trois Soeurs , la version XXIe siècle de Simon Stone au théâtre de l'Odéon - (10/11/17). Pourtant elles restent sœurs, jamais elles ne l'oublient... Après Medea, Simon Stone revient à l'Odéon, où il est artiste associé, pour y recréer sa propre interprétation du chef-d'œuvre par lequel Tchekhov ouvre le XXe siècle. L'air de famille, chez Stone, a tout d'un air du temps. L'œuvre du Russe est ici comme une sœur aînée, celle de l'Australien est sa cadette. Il est beaucoup question d'amour chez la première, de sexe chez la seconde, et de frustration chez les deux.
Et après tout pourquoi pas? Tchekhov lui même tenait absolument à ce que ses pièces se déroulent au présent, et le présent, c'est Trump, la mode du vegan et Facebook. Simon Stone a déjà réécrit de la sorte Ibsen (1828-1906) pour son "Ibsen Huis" donné au Festival d'Avignon, déjà dans une spectaculaire maison de verre. Sa "Medea" inspirée d'un fait divers américain de 1995 (une mère mettait le feu à sa maison en brûlant vifs deux de ses enfants après avoir empoisonné son mari) rendait parfaitement justice à la Médée d'Euripide, Sénèque et Corneille. Mais on peine à retrouver Tchekhov dans le texte débité à la vitesse d'une mitraillette par les acteurs. Il faut s'accrocher pour suivre, et quand on a absorbé les allusions à la victoire de Donald Trump et les jugements acides sur la conversion des soixante-huitards au libéralisme, on se demande ce qu'il peut bien apporter à la pièce. Pour Simon Stone, "que le public se reconnaisse, voilà l'essence de la philosophie tchekhovienne". "Les Trois Soeurs" par Simon Stone à l'Odéon: cherchez Tchekhov !. Certains se reconnaîtront peut-être dans ces portraits de trentenaires pressés de noyer leur vacuité dans l'alcool, la drogue, les jeux vidéo, ou de "tirer un coup".