En 1761, l'Utile, un navire français, s'échoue sur l'île Tromelin, à 500 km des côtes de Madagascar et de celles de la Réunion. A bord se trouvent quelque 160 esclaves malgaches, dont la moitié se noie. L'équipage repart, abandonnant les captifs sur l'îlot désert. Une exposition au musée de l'Homme raconte leur extraordinaire histoire, reconstituée notamment grâce à l'archéologie. A cette époque, la France et l'Angleterre se combattent au cours de la " guerre de Sept Ans". Une sorte de conflit mondial avant l'heure. La frégate Utile a été envoyée à Madagascar pour ravitailler les colonies. Dans la zone de l'île de France (aujourd'hui île Maurice), le gouverneur de cette dernière a provisoirement interdit la traite des Noirs. Mais ce trafic rapportant des sommes considérables, des marins se mettent à leur compte. Tromelin: l’île aux esclaves oubliés… (Musée de l’Homme) Ph Rochot – Philippe Rochot / Reportages pour mémoire. Le capitaine du navire, Jean de Lafargue, a embarqué clandestinement 160 esclaves malgaches. Il a choisi de les vendre discrètement sur une autre île. Ce qui l'oblige à modifier sa route.
Vous êtes ici > > Tromelin, l'île aux esclaves oubliés Dans la continuité de la Jeanne Elisabeth, le Musée de l'Ephèbe et de l'archéologie sous-marine propose de faire connaître une page de l'Histoire du XVIII e siècle, celle de Tromelin, l'Ile aux esclaves oubliés. L'exposition présente à la fois le contexte historique de ce drame ainsi que les recherches conjointes du GRAN et de l'Inrap ayant permis de reconstituer et d'élucider les circonstances du naufrage, et de documenter les conditions de vie des survivants, en s'appuyant sur l'analyse croisée de documents historiques et des vestiges archéologiques découverts sur l'Ile. Exposition tromelin l île des esclaves oubliez pas les. Parti de Bayonne le 17 novembre 1760, l' Utile, un navire de la Compagnie française des Indes orientales, s'échoue le 31 juillet 1761 sur l'île de Sable (aujourd'hui île Tromelin), un îlot désert de 1 km² au large de Madagascar. Il transporte 160 esclaves malgaches achetés en fraude, destinés à être vendus à l'île de France (l'Île Maurice actuelle). L'équipage regagne Madagascar sur une embarcation de fortune, laissant 80 esclaves sur l'île, avec la promesse de venir bientôt les rechercher.
Thomas Romon Archéologue en Guadeloupe depuis 1996, Thomas Romon intègre l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) en 2004 comme responsable d'opération. Spécialisé en archéologie funéraire, il est rattaché au Laboratoire d'Anthropologie des populations du passé et du présent de l'Université de bordeaux I (UMR 5199 – PACEA). Il dirige des opérations d'archéologie préventive (diagnostics et fouilles) aux Antilles et à La Réunion. Il participe aux 4 missions sur l'île Tromelin où il encadre, avec Max Guérout, les fouilles terrestres. Infos Pratiques Horaires d'ouverture Du lundi au vendredi de 07h30 à 19h00 Le samedi 08H00 à 12H00 Visites scolaires sur réservation Des visites scolaires (collèges et lycées) peuvent être organisées sur réservation du lundi au vendredi de 08h00 à 16h00 entre le 4 novembre et le 13 décembre 2019. Exposition tromelin l île des esclaves oubliés 2. Chaque session dure environ 1h00 et les groupes scolaires seront accueillis par l'équipe de médiation culturelle de la Bibliothèque universitaire Droit-Lettres.
C'est là le début d'une autre histoire. 80 esclaves sont laissés à leur triste sort: ils resteront 15 ans bloqués sur l'île et oubliés de tous. Sauf, apparemment, de Barthélémy Castellan du Vernet, qui aurait tenté de prévenir les autorités, dont le ministre de la Marine. C'est seulement en 1776 qu'une corvette commandée par Jacques Marie de Tromelin vient les secourir. Seuls sept femmes et un bébé de huit mois ont survécu. Sur la vie menée par les esclaves restés à Tromelin, île dépourvue d'arbres, les archives écrites françaises, très dissertes sur le reste, sont évidemment muettes. "Le relais a été pris par l'archéologie", souligne Thomas Romon, co-commissaire de l'exposition et archéologue à l'Inrap. Tromelin, l'île des esclaves oubliés | Le site officiel du musée d'Aquitaine. De 2006 à 2013, quatre missions de fouilles, à la fois terrestres et sous-marines, ont ainsi été menées sur la petite île coralienne (qui accueille depuis 1954 une station météo). "Nous avons pu ainsi étudier la façon dont les esclaves se sont comportés pour survivre dans cet espace clos de 1 km2.
Le parcours de l'exposition navigue de l'histoire à l'archéologie. Tout d'abord, la partie historique présente la traite négrière et la navigation dans l'océan Indien au XVIIIe siècle, ainsi que les histoires croisées des Malgaches et des Français jusqu'au naufrage de l'Utile. Exposition tromelin l île des esclaves oubliés d. Tromelin, l'île des esclaves oubliés, 2019 Paris © Cyprien Rose Survivre grâce à la solidarité La partie archéologique dévoile la survie, la vie mais aussi la mort des naufragés sur l'îlot. Elle permet de découvrir, à l'aide de balisages pédagogiques (manger-boire; réparer-fabriquer; s'abriter…) quelle était leur alimentation, leur artisanat et leur organisation sociale jusqu'au sauvetage. Tromalin s'appelait jadis « l'île de Sable », et c'est notamment ce sable qui a permis de conserver les vestiges de cette tragédie. De ces fouilles sont sortis de nombreux ustensiles (hache, grattoirs, cuillères, récipients) des objets récupérés à bord de l'épave de l'Utile, et d'autres fabriqués à partir de matériaux recyclés, comme des cuillères en métal, et des coquillages transformés en louches.
Alors les hommes les façonnent pour en faire des outils, des récipients, des instruments pour cuisiner et même un four pour cuire la nourriture. Ils fabriquent aussi des parures de femmes, des bracelets et des colliers. Ces traces de vie ont été retrouvées par quatre missions de l'Institut national de recherches archéologiques (INRAP) qui a lancé des fouilles en 2000 afin de connaître la vie et la survie de ces habitants. Ce sont les résultats de ces travaux qui sont présentés au musée de l'Homme. Objet fabriqué par les esclaves de l'ïle de Tromelin. Dossier de presse : Exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés" | Muséum national d'Histoire naturelle. ( Photo de Jacques Kuyten. ) Figurent aussi des lettres d'écrivains demandant à la cour de Louis XVI d'autoriser pareille mission ainsi que la supplique émouvante du capitaine Castellan du Vernet qui avait promis aux esclaves qu'un bateau viendrait les chercher et écrit « au nom de l'humanité ». Ces appels rencontrent peu d'échos. La France sort de la guerre de Sept Ans et la compagnie des Indes a été dissoute. Finalement en 1776, une mission est confiée à Jacques Marie de Tromelin, commandant la Corvette la Dauphine.
Une équipe d'historiens et d'archéologues a tenté de leur redonner la parole, restituant ainsi une page d'histoire de l´humanité.