Cependant, le brouillage des opinions ne fait que commencer car entre désaccord entre les deux amis: « C'est pas vrai » et accord final: « On était du même avis sur presque tout », e message d'ensemble n'est pas clair et il est difficile de prendre Bardamu pour un anarchiste et Ganate pour un nationaliste d'extrême droite! Cette incertitude sur les vraies idées exprimées semble expliquée par quelques remarques anodines faites par Bardamu sur son refus de la notion de race française: « pour montrer que j'étais documenté » et plus loin, à propos de son anarchie: « et tout ce qu'il y avait d'avancé dans les opinions Ainsi, Bardamu prend une posture intellectuelle progressiste. Incipit voyage au bout de la nuit commentaire a faire. Il n'a donc pas de conviction personnelle réfléchie. Et d'ailleurs, il s'excuse en disant:« je n'avais plus la tête très solide. Cette brève mais vivace discussion m'avait fatigué C'est alors qu'un régiment passe et Bardamu de se précipiter pour s'engager, lui le prétendu libertaire pacifiste, et Canate, le patriote, de lui crier: « Tes rien Ferdinand!
... au dialogue un aspect cru, un peu brutal (« que j'ai répondu moi », « qu'il insistait lui », « qu'il me fait »). Ils se coupent parfois la parole, cherchant à couvrir la voix de l'autre: Bardamu veut répondre « du tac au tac », Arthur le « taquine », l'interrompt par ce qui est presque une interjection (« Si donc! »), traduisant la spontanéité de leurs propos. Bardamu a par ailleurs l'art de la formule, essayant ainsi de faire taire son adversaire: « C'est ça la France et puis c'est ça les Français. L'anti-héros dans Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline. », « l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi! ». B – Distorsion de la langue La situation de confrontation est renforcée et soulignée par la langue employée. On l'a vu, elle est familière, mais Céline va plus loin encore: il la tord, la soumet à des distorsions syntaxiques rarement vues jusqu'ici à l'écrit. On constate de nombreuses tournures emphatiques typiques de l'oral: « Moi, j'avais jamais rien dit. », « Elle en a bien besoin la race française », « Et une belle de race!
Voyage au bout de la nuit La première phrase évoque la mer, traditionnellement associée au voyage. La fin du voyage est donc étrangement une invitation au voyage: "c'était la mer". Le narrateur assure pourtant que le voyage est fini pour lui: "mais j'avais plus rien à imaginer moi", "j'avais autre chose à faire", "mon trimbalage à moi, il était bien fini". Le narrateur semble détaché de tout, il a vieilli: "Mais à d'autres! ", "j'étais plus prêt non plus". On retrouve le thème du temps qui passe, souligné par les répétitions de négations: "J'avais plus rien", "ne plus", "plus prêt non plus", "même pas acquis", "j'en arrive rien". Voyage au bout de la nuit, Méditation finale de Bardamu - 1ES - Exposé type bac Français - Kartable. Le personnage n'attend plus rien de la vie. Le personnage a conscience du temps écoulé. C'est la fin: "il était fini", "le monde était refermé", "au bout", "on était arrivés". Le personnage réalise qu'il ne peut pas revenir en arrière même s'il voudrait: "c'est la jeunesse qu'on redemande", "j'étais plus prêt". III Le sentiment d'échec Bardamu compare son destin à celui de Robinson.
On note l'utilisation du conditionnel: "j'en dégoulinerais" et du subjonctif: "que j'accomplisse". Bardamu est dans l'irréel. Cette idée lyrique permet d'accéder à l'idéal. Bardamu rêve d'un monde où l'idée est "plus forte que la mort" et où l'amour est maître. Il utilise de nombreux termes mélioratifs: "plaisir", "insouciance", "courage", "héros", "vie", "amour", "tendresse", "jouir", "beau". Il développe la personnification de la mort apprivoisée: "la Mort en resterait enfermée dedans avec la tendresse". Dans sa rêverie, Bardamu devient ce qu'il n'a jamais été pendant le roman, un héros. Par un effet caricatural, Céline ici se moque des idéalistes qui pensent qu'une idée peut changer le monde, comme le montre l'abondance d'hyperboles et d'exagérations comiques. Si la première partie du texte est plutôt mélancolique, avec cette rêverie burlesque Bardamu se met à rire: "j'en rigolais tout seul sur le quai". Voyage au bout de la nuit : L'incipit - Blog de aidepourlebacdefrancais. Le héros se moque de lui-même, auto-dérision: "ce qu'il faudrait que j'accomplisse moi en fait de trucs et de machins pour que j'arrive à me faire gonfler ainsi des résolutions infinies".
Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien! Tu peux le dire! Nous ne changeons pas! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. Céline Publié par: incipit_fr Previous post On the road
Bardamu, au contraire, soutient que cette « race » n'est qu'un « grand ramassis de miteux dans [s]on genre », venus « des quatre coins du monde » et échoués sur ce territoire parce qu'« ils ne pouvaient pas aller plus loin ». Ils s'opposent ensuite sur leurs ancêtres, perçus de manière positive par Arthur (« nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal ») et traités avec mépris par Bardamu, avec une accumulation d'adjectifs dévalorisants: « Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours ». Incipit voyage au bout de la nuit commentaire 2. On remarque très vite que Bardamu a une vision très noire, très pessimiste de l'homme dans son ensemble, tandis qu'Arthur tente de défendre cette Humanité en invoquant l'amour (« Il y a l'amour, Bardamu! »). Transition: Cette violence qui marquera tout le roman est née des traumatismes du conflit de 14-18. Mais ce n'est pas simplement une dénonciation de la guerre que formule Céline: la société tout entière, avec son immobilisme et ses valeurs dépassées, est la cible du romancier.