2) la critique de cette représentation d'une nature douée d'un ordre parfait est introduite par une objection énoncée sous forme de question: pourquoi l'homme aurait-il besoin de transformer cet ordre s'il était parfait? 3) en se référant aux discours des hommes (qui louent les effets de la technique), John Stuart Mill montre qu'ils reconnaissent ainsi la nécessité et l'utilité d'une transformation de la nature. La technique permet de suppléer les faiblesses de l'homme et ainsi de vaincre les dangers auxquels l'expose la nature. 4) le texte se conclut sur une récapitulation de l'argumentation: l'éloge de la technique que révèle en fait un ordre naturel imparfait ainsi que la "grandeur" de l'homme qui, grâce à des inventions, remédie à cette imperfection. B - UNE ETUDE CRITIQUE Le texte propose une critique de l'image négative portée par l'idée que toute transformation de la nature serait "sacrilège". Il invite ainsi à réfléchir sur le statut et la valeur de la technique. Il s'agit d'interroger les effets issus de la technique sur la nature et plus particulièrement sur l'homme qui en fait partie.
2) Le sens du devoir nécessite d'être acquis, et ne peut l'être que par l'éducation. Une personne cultivée fera souvent preuve d'un sens moral plus aigu et d'un plus grand désintéressement qu'un être trop peu instruit. John Stuart Mill était lui-même effrayé par la grossièreté et la brutalité des masses de son temps, réservant ainsi son socialisme utopique à l'élite des hommes supérieurs. 3) Ce qui pouvait laisser indifférent dans le passé semble devenu insupportable aujourd'hui. Nos contemporains paraissent avoir développé une sensibilité à ce point exacerbée qu'ils ne peuvent généralement plus supporter le spectacle de la souffrance humaine, de la maladie, de la misère, de la mort omniprésente. Le progrès technique n'est sans doute pas étranger à cela: aujourd'hui, les hommes n'ont plus à lutter pour leur survie, ce qui fait qu'ils jouissent globalement de conditions d'existence bien plus faciles, où tout leur semble à disposition sans exiger le moindre effort pour l'acquérir. 2nde partie: en réalité, n'est-il pas difficile d'admettre l'idée d'un progrès des mœurs tout autant que de la moralité?
3. La nature ne peut être une norme Observez comment progresse le raisonnement de Mill. Suivre la nature, dit Mill, est absurde logiquement (sur le plan théorique), mais également contraire à la survie de l'homme et à la morale (sur le plan pratique). A. Une thèse polémique Étudier la forme du raisonnement permet de mettre en lumière la logique du texte. Mill envisage désormais la nature comme l'ensemble des choses non produites par l'homme. Il contredit le précepte qui commande de suivre la nature, au nom de sa conséquence à la fois « irrationnelle et immorale ». Ce faisant, il vise des penseurs qui ont fait de l'obéissance à la nature le fondement de l'action humaine. Par exemple, dans la Lettre à Ménécée, Épicure préconise, pour être heureux, de privilégier les désirs naturels, comme le fait de se nourrir quand on a faim, et de renoncer aux désirs vains, comme la richesse, qui sont le fruit de la vie en société. Si cette conception a l'avantage de fonder la morale sur un critère objectif, Mill la juge problématique.
Introduction [Accroche] Le philosophe stoïcien Zénon de Citium, né au iv e siècle avant notre ère, affirmait que l'homme devait vivre « conformément à la nature ». Faire de la nature une norme du comportement humain semble présenter l'avantage de fonder la morale sur un critère objectif, clairement lisible dans le réel. [Thèse et problématique] Mais Mill, dans cet extrait, s'attaque à cette idée en montrant qu'elle est faible, tant logiquement que moralement. En effet, « suivre la nature » suppose que l'homme soit extérieur à celle-ci. Or l'homme n'est-il pas un membre à part entière de la nature? De plus, n'est-il pas illusoire de considérer la nature comme un modèle à suivre, dans la mesure où elle est capable du meilleur comme du pire? [Annonce du plan] Dans le texte étudié, le philosophe commence par présenter les deux sens du mot « nature » (l. 1 à 3). Il explique ensuite que l'homme fait partie de la nature: il est donc inutile de lui demander de la suivre (l. 4 à 7). Il montre enfin que la nature n'est pas une norme et qu'il serait donc à la fois irrationnel et immoral de chercher à la suivre (l.
B. Suivre la nature: un précepte irrationnel En effet, l'homme ne peut vivre qu'en modifiant son environnement naturel. C'est ce que montre le mythe de Prométhée: les hommes, naturellement démunis, ont besoin de la technique pour survivre. Mill ajoute que la transformation de la nature est aussi la condition du progrès de l'homme en affirmant que « toute action utile » consiste à « améliorer » la nature. L'exemple des OGM, notamment, peut cependant nous conduire à nuancer son propos: l'homme pensait initialement, grâce à eux, « améliorer » la nature. Mais est-ce réellement le cas dès lors que les OGM risquent de nuire à la biodiversité? C. Suivre la nature: un précepte immoral Mill dénonce ensuite l'illusion selon laquelle la nature ne produirait que de bonnes choses. En effet, la nature est à l'origine de catastrophes naturelles ou d'épidémies, qui sont perçues comme des malheurs par les hommes. Ainsi, prendre la nature comme norme de l'action humaine pourrait conduire à l'immoralité, car, comme Mill l'explique dans L'Utilitarisme, une action dont les conséquences nuisent au bonheur du plus grand nombre est immorale.
Il s'oppose ici aussi à l'opinion courante: la loi ne consiste pas, dit-il à « limiter » l'action comme on le dit souvent. Elle ne doit pas être perçue comme « une contrainte » (cf. question 2b) car elle est protectrice, elle sert nos intérêts. Remarquer aussi dans ce texte le fait que la loi nous rend libre mais qu'aussi elle nous fait « homme » dans le sens où elle nous arrache à la peur, à la violence, à nos impulsions, où elle nous permet de faire usage de notre raison (« intelligent », « guider », « disposer », « ordonner », « notre volonté »). Il y a d'autres idées importantes dans ce texte, notamment celle de « bien général » à comparer à « ses propres intérêts ». L'intérêt de chacun peut se confondre avec l'intérêt général (ici le souci de protection) mais il peut aussi parfois s'y opposer (théorie que vous avez peut-être étudiée en classe, si vous avez abordé le Contrat social de Rousseau. ). N. Vauthier (professeur de philo)
La nature Mill, La Nature Explication de texte 4 heures 20 points Intérêt du sujet • Dans son essai La Nature (1874) devenu un classique de philosophie politique, l'Anglais J. S. Mill remet en question l'idée selon laquelle il faudrait « suivre la nature ». Il va ainsi à l'encontre de ce préjugé très répandu qui fait de la nature une norme. Quels sont ses arguments? Expliquez le texte suivant: Le mot Nature a deux sens principaux: il désigne soit le système entier des choses, avec l'ensemble de leurs propriétés, soit les choses telles qu'elles seraient en l'absence d'intervention humaine. Dans le premier sens, la doctrine selon laquelle l'homme doit suivre la nature est absurde, car l'homme ne peut rien faire d'autre que suivre la nature, puisque toutes ses actions reposent sur une ou plusieurs des lois physiques ou mentales de la nature et obéissent à ces lois. Dans le second sens de ce mot, la doctrine selon laquelle l'homme doit suivre la nature ou, en d'autres termes, devrait prendre le cours spontané de la nature pour modèle de ses actions volontaires, est à la fois irrationnelle et immorale.