Mais, devant ce modèle incomparable, nous éprouvons notre impuissance. Tout d'abord parce que nous ne connaissons pas l'expérience intime de Jésus, sa façon personnelle de faire face aux pensées et aux émotions, de s'en remettre à son Père, et ne connaissons donc ce qui est à imiter que de façon très imparfaite. Et surtout car nous éprouvons douloureusement que, pour nous, la confiance n'est pas, comme elle l'était pour Jésus, une disposition innée, permanente, mais un bien à recevoir, afin qu'il nous transforme de fond en comble. C'est pourquoi il est précieux de pouvoir compter sur l'expérience de frères et sœurs dans la foi qui, au cœur des pertes qu'ils n'ont pas manqué de subir, se sont laissé peu à peu conformer à Jésus, jusqu'à s'en remettre à Dieu avec la même radicalité que lui, ayant progressivement reçu de lui la plénitude de la confiance à laquelle nous sommes tous appelés. Parmi ces grands témoins de la foi, sainte Thérèse de Lisieux s'avère un guide incomparable. Cela tient avant tout au fait que, dans son cheminement spirituel, rien d'essentiel ne peut être considéré comme relevant d'une voie extraordinaire, inaccessible au grand nombre.
Ils admettent sans difficulté la postulante qui a bonne carrure, à défaut de beauté physique (les photos révèlent des traits hommasses et sans doute un strabisme divergent). Elle entre donc le 6 mai 1873, deux jours avant la profession des sœurs Saint-Jean- Baptiste et Aimée de Jésus. Une postulante la rejoint au noviciat deux mois plus tard, sœur Marguerite- Marie. En ce printemps 1873, un bébé de quatre ou cinq mois est en train de reprendre goût à la vie, à Semallé, à la ferme de la « Petite Rose »... Sœur Thérèse de Jésus du Cœur de Marie (Léonie Jezewska) reçoit l'habit du Carmel le 1 5 octobre 1873, des mains du Supérieur. Le sermon est donné par l'abbé Rohée, alors curé de Vaucelles, à Caen. Moyennant une légère prolongation du noviciat de l'aînée, les deux postulantes de 1873 se retrouvent jumelles de profession, le 18 mars 1875. Thérèse de Jésus et Marguerite-Marie reçoivent le voile noir le 6 avril. Le chanoine Delatroëtte préside la cérémonie, le mardi de Quasimodo. L'abbé Hodierne, curé de Crépon, et directeur spirituel de Marguerite-Marie, prononce l'homélie.
Ta vie si brève est un concentré de grâce et de vérité et nous n'aurons jamais fini d'y puiser de l'inspiration. Je suis souvent émue de constater que tu es le recours et la consolation d'hommes d'Eglise parmi les plus éminents, comme notre Pape François. C'est un grand honneur que tu sois née, aies vécu et prié sur notre terre de France devenue si incroyante, plus de la moitié de nos concitoyens affirmant de nos jours ne pas croire en Dieu. Chère petite Thérèse, je veux t'exprimer aussi quelques regrets au sujet de l'icône que tu es devenue. Aujourd'hui vont encore fleurir sur les réseaux sociaux abondance d'images mièvres où ton sourire se déploie sous une avalanche de roses. Les citations choisies pour les illustrer ne seront pas forcément les plus judicieuses, transposées à une époque où l'Eglise est loin de brûler d'amour comme tu désirais le faire en son cœur au XIXe siècle. On va souligner ton enfance et ton ingénuité plutôt que la solidité de ta doctrine qui te vaut d'être Docteure de l'Eglise, rare privilège en tant que femme et religieuse.
En Avril 1896, Thérèse a une crise d'hémoptysie. Elle meurt d'une tuberculose le 30 Septembre 1897 vers 19h30. Elle a 24 ans. En grandissant, sa foi s'est développée. Elle découvre peu à peu qu'elle veut être: » … prêtre, diacre, apôtre, docteur, martyr ». En rentrant au Carmel, elle désire prouver son Amour au Christ qui l'appelle à donner sa vie pour le monde. Elle choisit de faire une confiance totale à Dieu et de devenir de plus en plus petite pour s'abandonner à lui. « La petite voie » de Thérèse est une « voie d'enfance spirituelle » qui est au cœur du message qu'elle désire transmettre. Cette voie représente un chemin spirituel à adopter afin d'accepter sa petitesse et de s'offrir à Dieu malgré l'épreuve de la foi. En 1896, elle découvre le véritable sens de sa vocation: « Ma vocation, c'est l'Amour ». Tout au long de sa vie, Thérèse vit une réponse de plus en plus intime à L'Amour de Dieu. Inconnue de son vivant, Thérèse Martin est devenue « la plus grande Sainte des Temps Modernes » (Pape Pie XI).