Le marchand de peaux de lapins (Carle Verne) Musée Carnavalet Voici les souvenirs de Juliette Andrieu sur le sujet: « C'était entr'elle et le « Pelharòt » un affrontement des plus pittoresques. La première vendait la qualité de sa marchandise pour en obtenir le plus haut prix; le second cherchait à la déprécier pour l'avoir au rabais, y trouvait toujours quelques défauts: mites dans le poil, vermine dans la peau, impuretés dans la cire, brindilles dans les soies… En même temps, il la jaugeait « à l'estime » et de peur d'être dupé, sortait la « romaine » accrochée à sa ceinture. Avant de peser et tout en s'excusant, il tâtait les chiffons, les plumes et les duvets…après ce préalable, il proposait un prix que la ménagère n'acceptait pas, alors il reculait de quelques pas, faisait semblant de s'éloigner, puis avançait d'autant pour marchander encore, lorsque la ménagère imperturbable le menaçait de faire appel à un concurrent plus généreux. Après tout, lui disait-elle: « Vous n'êtes pas le seul dans la contrée à savoir chanter « Pelharot »!
La peau de lapin était principalement revendue aux chapeliers pour la confection de chapeaux de feutre. Les poils servaient à faire du feutre et la peau à faire de la colle, produit bien connu des artistes peintres. Tout ce temps-là est révolu, le Pelharòt a disparu. On ne le reverra plus jamais avec son bâton, sa trompette et son petit sac crier « Pel dé lèbré, pel dé lapiiiinnnn! ». Marc Parguel
« Peau de Lapin », publié chez Marivole, compte parmi ces romans qui, en moins de 150 pages, restituent les vies d'une poignée de personnages pour comprendre le paradigme d'une époque. Serge Camaille y décrit la réalité sociale d'une famille d'un milieu populaire durant les 30 glorieuses. C'est une histoire qu'il faut lire sans préjugés, comme le témoignage de quelques décennies. Les femmes étaient encore trop cantonnées aux tâches domestiques. L'alcool faisait partie du quotidien des hommes et y faisait des dégâts. C'est l'histoire d'un peillerot, cet homme qui passait dans les villages avec une carriole attelée, voire « avec un triporteur à moteur ou encore avec une 203 plateau selon les époques, pour ramasser les peaux d'animaux, les ballots de vieux chiffons ou encore la ferraille en criant: Peau de lapin! Peau! ». Lucien, le peillerot de Sancoins, un village entre Berry et Bourbonnais, est comme tous les jeunes hommes des années 50, il veut fonder une famille. C'est grâce aux annonces du Chasseur Français qu'il rencontre Madeleine, un grand classique de l'époque!
Et notre Peau de Lapin, c'est notre carapace de survie en bestiaire urbain.
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