C'est pourquoi Jésus insiste: "Je vous donne ma paix ". La paix qui ne nous quittera pas, c'est la paix de Jésus, sa paix personnelle de Fils de Dieu fait homme; et elle sera toujours à recevoir comme un don du Crucifié élevé dans la gloire. Quand nous songeons à la paix, nous évoquons d'instinct la tranquillité ou l'absence de dangers. Les hommes de la Bible y voyaient aussi et surtout un achèvement et une plénitude, et c'est par là qu'il nous faut chercher la paix telle que Jésus la donne. Le "monde", au sens johannique du terme, c'est-à-dire le monde du refus et de l'oubli, le monde quand il se construit sans référence à Dieu, tente désespérément de se donner la paix, à l'échelle universelle par l'équilibre des armements, à l'échelle des groupes humains par la neutralisation des agressivités. Ce n'est pas négligeable, et c'est souvent onéreux, mais c'est toujours plus ou moins la paix sur un volcan: les pressions internes demeurent et les tensions renaissent. C'est toujours une paix incertaine et inquiète.
La liturgie de l'Église, en ces dimanches du temps pascal, nous invite à relire et à méditer de larges extraits de ce qu'on appelle le «Discours après la Cène» dans l'évangile de saint Jean. Les propos de Jésus sont d'une telle densité qu'il faut les «déguster», comme on déguste une liqueur précieuse: à toutes petites gorgées. Dans le passage que nous venons d'entendre, Jésus, répondant à une question de l'apôtre Jude, parle, d'abord du croyant, qui est la demeure de Dieu, puis de l'Esprit Saint, qui viendra nous enseigner et nous faire souvenir de tout ce que Jésus a dit, et enfin, de la paix qu'il nous laisse pour que nous ne soyons pas bouleversés et que nous vivions dans la joie. Je vous propose aujourd'hui de ne retenir que le dernier de ces trois thèmes: la paix que Jésus nous donne. Il est un des thèmes les plus importants de l'Écriture, de plus ce mot «paix» est prononcé plusieurs fois dans chaque célébration eucharistique: Le rite de la paix après la récitation du Notre Père ou encore l'envoi «Allez dans la paix du Christ», nombreuses sont les mentions de cette paix du Christ, qu'on demande et que l'on souhaite les aux autres.
Avec Jésus, en Jésus, la paix est déjà là, toujours déjà là: "Il est lui-même notre paix" (E 2, 14). Et quand bien même nous perdrions le sentiment de sa proximité, sa parole la réaffirme à notre foi, sa parole qui vient de la paix et conduit à la paix, sa parole de Révélateur, qui a dit à l'avance que sa Croix aurait un sens et que nos croix trouveraient sens dans la sienne: "Je vous ai parlé dès maintenant, avant l'événement, afin que, lorsqu'il arrivera, vous croyiez. Je vous ai dit ces choses pour qu'en moi vous ayez la paix" (14, 29; 16, 33). Et c'est en nous remémorant ces paroles prophétiques de Jésus que le Paraclet nous introduit chaque jour dans la paix, en même temps que dans la vérité tout entière. Nous avons à construire la paix, la paix de concorde, qui écarte les obstacles et rouvre patiemment l'espace du dialogue. Mais le plus sûr moyen de devenir des artisans de la paix, c'est de la recevoir humblement comme don de Dieu en Jésus Christ, comme don de Jésus présent et parlant à sa communauté.
Le pardon guérit nos blessures intérieures qui ne peuvent trouver aucun médicament dans nos pharmacies. Le pardon donné et reçu nous guérit de nos dépressions. Pardonnez pour être pardonnés est le secret du bonheur pour tout homme. 7 La paix et l'amitié Qui trouve un ami fidèle trouve un trésor. Jésus s'abaisse pour atteindre la proportion humaine, car l'amitié exige l'égalité. Jésus non seulement donne le commandement nouveau de l'amour, se rend ami des hommes. L'amour, la paix, l'amitié sont les dons que le Christ ressuscité d'entre les morts communique à ses disciples. Voici ses paroles qui réchauffe le coeur et l'empêche de rouiller:" je ne vous appellent plus serviteurs, mais amis". Cicéron qualifie l'amitié comme quelque chose de divin qui nous unit. Seuls les bons sont amis, car ce qui les unit est la bonté. L'ami se réjouit de la félicité de l'autre et souffre de son malheur. L'amitié est au service de la paix. 8 La paix et la gratitude Nous sommes faits pour rendre grâce au Seigneur, en reconnaissant les bienfaits dont Il nous comble à chaque instant de notre vie.
L'Eternel est ma lumière et mon salut: De qui aurais-je crainte? L'Eternel est le soutien de ma vie: De qui aurais-je peur? Psaume 56:3, 11 Quand je suis dans la crainte, En toi je me confie. … Psaume 91:5 Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, Ni la flèche qui vole de jour, Psaume 112:7 Il ne craint point les mauvaises nouvelles; Son coeur est ferme, confiant en l'Eternel. Proverbes 3:25 Ne redoute ni une terreur soudaine, Ni une attaque de la part des méchants; Ésaïe 12:2 Voici, Dieu est ma délivrance, Je serai plein de confiance, et je ne craindrai rien; Car l'Eternel, l'Eternel est ma force et le sujet de mes louanges; C'est lui qui m'a sauvé. Ésaïe 41:10, 14 Ne crains rien, car je suis avec toi; Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu; Je te fortifie, je viens à ton secours, Je te soutiens de ma droite triomphante. … Jérémie 1:8 Ne les crains point, car je suis avec toi pour te délivrer, dit l'Eternel. Ézéchiel 2:6 Et toi, fils de l'homme, ne les crains pas et ne crains pas leurs discours, quoique tu aies auprès de toi des ronces et des épines, et que tu habites avec des scorpions; ne crains pas leurs discours et ne t'effraie pas de leurs visages, quoiqu'ils soient une famille de rebelles.
La paix que Jésus nous offre nous demande qu'à son exemple, cette quête de vérité nous habite avec tout ce que cela demande de remise en question de soi-même, d'ouverture du coeur et de l'esprit à ce que l'Esprit de Jésus ne cesse de construire avec nous dans ce monde. Cette attitude est exigeante car elle nous empêche de nous installer dans des habitudes certes confortables, mais qui nous empêchent d'accueillir les imprévus de l'Esprit. La paix de Jésus vient aussi de la cohérence qu'il n'a cessé de poursuivre, cohérence entre ses paroles et ses actes. C'était d'ailleurs ce qui touchait les gens qui l'approchaient. Contrairement à beaucoup de docteurs de la Loi qui « disent et ne font pas », Jésus a toujours accordé ce qu'il disait avec sa vie. C'est cette cohérence qui permettait à Jésus de garder la paix intérieure. Sur la croix, Jésus a vécu une insupportable souffrance, sa mort n'a pas été une mort sereine à la différence de la mort de Socrate, mais je suis sûr qu'il était en paix avec lui-même dans la certitude qu'il accomplissait ce qui était le sens même de sa vie, la donner par amour.