Nous n'avons pas attendu la réaction des pharisiens et des scribes venus de Jérusalem. Jésus part, soudainement, dans la direction opposée à celle de Bethsaïde (destination prévue en 6, 35), vers un territoire païen… là où le risque d'être en contact avec l'impureté est encore plus grand! L'audace discrète de l'Évangile 7, 24 En partant de là, Jésus se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu'on le sache. Mais il ne put rester inaperçu. Ce déplacement ne peut s'assimiler à une fuite par crainte de ses contradicteurs pharisiens mais constitue, au contraire, une réponse en actes au débat précédent. La femme syro phénicienne meaning. L'Évangile n'est soumis ni à une tradition particulière, ni à des frontières, et n'a crainte d'aller au cœur du monde dit impur. Comme il s'était rendu chez les pécheurs et publicains (2, 13-17) ou en Décapole (5, 1-20), Jésus se risque en terre hostile. Cependant, Marc précise qu'il tient à y demeurer discret. Pourquoi cette absence volontaire de mission?
En premier lieu, pour Marc, l'annonce de l'Évangile, y compris en terre païenne, n'est pas de l'ordre d'une conquête agressive, mais suit un mode d'attraction. Il en fut de même en Galilée, où les foules viennent à lui, plus que lui sur des lieux de foule (1, 35; 6, 31). Ses succès et sa célébrité, du fait de son message et de ses guérisons auprès de quelques-uns, font, là aussi, qu'il ne peut rester isolé bien longtemps. La femme syro phénicienne. Il en sera ainsi en ce territoire païen où va se révéler une attente d'un salut, plus ou moins équivoque, à son encontre. D'autre part, l'absence volontaire de mission exprime un changement de monde. En terre païenne, comme ce fut le cas en Décapole, les discours et les miracles ne peuvent être entendus de la même manière. Les paroles et paraboles, annonçant l'avènement du règne du Dieu d'Israël et de son Messie, ne trouveront pas le même écho auprès de gens qui adorent d'autres dieux et souvent méprisent Israël. En cette région, les miracles de Jésus seraient perçus comme les exploits d'un guérisseur juif parmi d'autres thaumaturges de toutes religions.
Ensuite, il y a beaucoup à tirer pour nous de la ténacité de cette femme: au départ, elle était pleine de foi dans ce qu'on lui avait dit de Jésus, mais voilà qu'il apparaît tout différent, comme s'il voulait tromper la confiance qu'elle a en lui. « Est-ce là cet homme si bon, si amical? Sont-ce là les bonnes paroles que j'ai entendu dire de lui et auxquelles j'ai cru? Il se conduit comme s'il était mon ennemi, comme s'il ne voulait pas de moi; il pourrait au moins dire un mot, me dire: « Je ne veux rien faire pour toi. » Mais il se tait, comme un caillou. Guérison de la fille d’une syro-phénicienne – Regnum Christi. » Alors que fait notre femme? Elle ne s'occupe pas des façons désagréables et dures de Jésus; elle ne se laisse pas tromper, elle ne se fâche pas; elle continue à croire dur et ferme au bien qu'elle a entendu dire de lui; elle ne renonce pas. C'est ainsi que nous devons faire quand nous sommes dans la détresse ou dans le doute. Nous devons apprendre à nous tenir fermement aux promesses d'amour et de soutien contenues dans la Parole de Dieu, même si Dieu semble se comporter vis-à-vis de nous tout autrement.
Jeudi, 13 février 2020 Saint Gilbert Couleur liturgique: vert Évangile selon saint Marc 7, 24-30 En ce temps-là, Jésus partit et se rendit dans le territoire de Tyr. Il était entré dans une maison, et il ne voulait pas qu'on le sache, mais il ne put rester inaperçu: une femme entendit aussitôt parler de lui; elle avait une petite fille possédée par un esprit impur; elle vint se jeter à ses pieds. Cette femme était païenne, syro-phénicienne de naissance, et elle lui demandait d'expulser le démon hors de sa fille. Il lui disait: « Laisse d'abord les enfants se rassasier, car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. » Mais elle lui répliqua: « Seigneur, les petits chiens, sous la table, mangent bien les miettes des petits enfants! Marc 7,24-30, “La femme syro-phénicienne” - biblique.fr. » Alors il lui dit: « À cause de cette parole, va: le démon est sorti de ta fille. » Elle rentra à la maison, et elle trouva l'enfant étendue sur le lit: le démon était sorti d'elle. Ici, Jésus s'isole de la foule à laquelle il vient de parler du discernement nécessaire entre ce qui est pur et ce qui ne l'est pas.
Il faut reprendre le récit que nous avons lu. Jésus sort d'Israël et se rend en territoire étranger, en Phénicie, le Liban actuel; les distances ne sont pas bien grandes, quelques dizaines de kilomètres. Il chemine avec ses disciples, lorsque surgit une femme, habitante de la région, une étrangère. Elle est dans tous ses états, comme une mère peut l'être lorsque son enfant va mal et qu'elle n'arrive pas à le soigner. Elle a entendu parler de Jésus, car sa réputation l'a précédé: on sait qu'il s'occupe des pauvres, des malades, des sans-grade, on sait qu'il prend le temps d'écouter les gens, qu'il les regarde avec amitié, on sait qu'il prend en compte leurs souffrances, qu'il est pour la justice, on sait qu'il guérit. « Alors pourquoi ne ferait-il pas quelque chose pour ma fille? Je crois, je suis sûre qu'il en a les moyens. » Elle apostrophe Jésus, elle lui crie: « Fais quelque chose pour ma fille. » Quoi de plus bouleversant qu'une femme voulant sauver ses petits? La femme syro phénicienne film. Or Il se tait. Lui, si attentif à la misère et au désarroi des gens, il se tait.