C'en est fait, je quitte le monde; Je veux fuir pour jamais le spectacle odieux Des crimes, des horreurs, dont sont blessés mes yeux. Dans une retraite profonde, Loin des vices, loin des abus, Je passerai mes jours doucement à maudire Les méchants de moi trop connus. Seule ici bas j'ai des vertus: Aussi pour ennemi j'ai tout ce qui respire, Tout l'univers m'en veut; homme, enfants, animaux, Jusqu'au plus petit des oiseaux, Tous sont occupés de me nuire. Eh! Qu'ai-je fait pourtant? … que du bien. Les ingrats! Ils me regretteront, mais après mon trépas. Ainsi se lamentait certaine sauterelle, Hypocondre et n'estimant qu'elle. Où prenez-vous cela, ma sœur? Poésie la sauterelle. Lui dit une de ses compagnes: Quoi! Vous ne pouvez pas vivre dans ces campagnes En broutant de ces prés la douce et tendre fleur, Sans vous embarrasser des affaires du monde? Je sais qu'en travers il abonde: Il fut ainsi toujours, et toujours il sera; Ce que vous en direz grand'chose n'y fera. D'ailleurs où vit-on mieux? Quant à votre colère Contre ces ennemis qui n'en veulent qu'à vous, Je pense, ma sœur, entre nous, Que c'est peut-être une chimère, Et que l'orgueil souvent donne ces visions.
La sauterelle: Poésie - 2AEP - YouTube
D'un bond elle prend son essor C'est une as de la gymnastique Son corps monté sur des ressorts Se détend comme un élastique Très jeune éduquée dans ce sport La belle ne connaît pas le trac Demande toujours plus à son corps Et n'en sort pas toujours intacte Et quelques fois elle craque Telle est la dure loi du sport
Pour le coup, s' écrioit la triste sauterelle, voilà qui prouve bien la haine universelle qui par-tout me poursuit: à peine en ce pays a-t-on su que j' étois, qu' un peuple d' ennemis s' en vient pour chercher sa victime. Dans la fureur qui les anime, employant contre moi les plus affreux moyens, de peur que je n' échappe ils ravagent leurs biens: ils y mettroient le feu, s' il étoit nécessaire. Eh! Messieurs, me voilà, dit-elle en se montrant; finissez un travail si grand, je me livre à votre colere. Poésie la sauterelles. Un moissonneur, dans ce moment, par hasard la distingue; il se baisse, la prend, et dit, en la jetant dans une herbe fleurie: va manger, ma petite amie. Florian