Vous, vous êtes le sel de la terre… Vous, vous êtes la lumière du monde… Jésus s'adresse aux disciples – littéralement ceux qui apprennent: auditeurs sur la montagne bien sûr, mais également nous, lecteurs des évangiles. Pour leur dire que leur place dans le monde est unique. Vous, vous êtes le sel de la terre… Les disciples sont appelés à être le sel qui révèle le goût du lieu où vivent les humains. Mais ce sel peut devenir fou [1]: il est alors incapable de saler, inapte à révéler le goût de la terre, et rien pour lui redonner capacité de saler. Ayant perdu toute efficacité, il est bon à être jeté dehors et piétiné. Devenir fou… Serait-ce le cas de disciples qui abandonnent définitivement le chemin de sagesse proposé par Jésus? L'allégorie développée par Jésus exprimerait alors qu'un tel abandon peut être irrémédiable. Le récit reste factuel, sans jugement ni malédiction: comme si l'allégorie exprimait une loi de la vie spirituelle. Vous, vous êtes la lumière du monde… Le vocabulaire grec exprime que cette lumière est une lumière de vérité qui concerne l'ordre de l'univers [2].
L'expression se retrouve dans le rituel religieux: toutes les offrandes présentées à Dieu doivent être salées avec « le sel de l'alliance de ton Dieu ». (Lv 2, 13). Selon cette double lecture, les disciples donnent saveur au monde et en assurent la survie devant Dieu. Mais, s'ils perdent l'esprit des Béatitudes figurant juste avant ce passage, ils perdent toute saveur. Une autre lecture a pu être avancée, prenant en compte une pratique agricole attestée en Égypte et en Palestine: on ajoutait du sel au fumier afin de le rendre plus apte à féconder la terre. Dans cette perspective, le sel symbolise la sagesse qui rend les hommes plus aptes à porter du fruit. Cette interprétation s'appuie sur l'utilisation du verbe « s'affadir », qui signifie littéralement « devenir stupide », perdre toute sagesse. De même que le sel féconde la terre via le fumier, ainsi les disciples, grâce à la sagesse reçue de Jésus, donnent aux hommes de porter plus de fruits. Il est enfin possible de retenir la version selon laquelle le sel a un effet stérilisant et purificateur: ainsi celui qu'Élisée jette dans la source de Jéricho assainit les eaux « jusqu'à ce jour » (2 R 2, 19-22).
La propriété principale du sel est d'assaisonner un aliment. Autrement dit, lui donner de la saveur. Ainsi, nous sommes sel de la terre, nous assaisonnons le monde, nous lui donnons une saveur particulière. «Mais quand le sel perd son goût peut-on lui rendre son bon goût? », demande Jésus presque sous forme de boutade. Car le sel peut-il réellement perdre sa saveur? Ce ne serait plus du sel. Dans ce cas, comme le dit Jésus, il ne servirait plus à rien et on marcherait dessus sans s'en rendre compte. Et moi? Si je perdais ma saveur? Si je perdais ce qui fait que je suis ce que je suis, serais-je toujours moi? Mais au fond, qu'est-ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes? Une certitude se fait jour: personne d'autre que moi ne peut être moi. Aucun autre que moi ne peut vivre ma vie. Par cette simple image du sel, Jésus nous permet de réaliser à quel point chaque être humain est unique et irremplaçable. Personne ne devrait d'ailleurs jamais se penser inutile, car le simple fait d'exister est déjà un assaisonnement particulier sur la terre.
Jérôme Jean Hauswirth «L'Evangile c'est du sel, et vous en avez fait du sucre». Oui, à trop vouloir toujours tout concilier, on devient fade, on perd la force corrosive du sel de l'évangile dans nos vies. Et alors on passe à côté de notre vocation. Le pape François parle à ce propos d'irénisme. Cette pathologie spirituelle trop répandue qui fait que pour éviter le conflit on sacrifie la Vérité. Homélie du 5e dimanche A (Mt 5, 13 -16) Vous êtes le sel de la terre! Quelle belle image! De fait, le sel dans la terre, en petite quantité, fertilise le sol. A l'époque de Jésus on mélangeait un petit peu de sel avec le fumier pour le rendre plus fertile. Pour nous, aujourd'hui, le sel est surtout ce qui donne du goût. Et c'est vrai, que serait une cuisine sans sel, sinon une cuisine sans saveur! Insipide. Immangeable. Oui, le sel est bon. Bon pour la santé. Il est même vital! Dans l'antiquité quand on parlait de salaire, on parlait de l'argent donné pour que le soldat puisse acheter du sel! Salaire et sel partagent la même étymologie.
Ca veut dire que, moi, je serais le sel de la terre? Si je comprends bien, le sel étant ce qui donne du goût, je serais à même de donner à la vie son sens, ce goût sans lequel elle serait bien fade! Moi, lumière du monde? Si je saisis bien, je serais pour ce monde qui ne sait ni d'où il vient, ni où il va, cette lumière qui peut l'éclairer! C'est assez stupéfiant! D'autant plus que nous nous connaissons assez pour savoir que justement nous ne sommes guère des lumières et que parfois le doute et le péché pèsent sur nous au point de rendre nos vies plus fades et ternes que lumineuses et savoureuses. Et pourtant, le Seigneur Jésus dit bien: vous êtes sel de la terre et lumière du monde. Nous n'avons pas à en tirer une espèce de gloriole, à bomber le torse, car à vrai dire, ce que Jésus souligne en nous, ce sont des trésors qu'il y a lui-même déposés. Car qui est lumière du monde et sel de la terre, si ce n'est Lui, Jésus Christ? La merveille c'est qu'il nous donne en partage ce qu'il est lui-même.
Alors, apportons du goût à ce monde! Chaque chrétien est appelé à rayonner de la joie et de l'amour du Christ. Pour que la lumière ne s'affaiblisse pas, que le sel ne se dénature pas, il est important de se nourrir quotidiennement de la Parole de Dieu. Inscrivez-vous à une des nombreuses communautés proposées sur Hozana: vous pourrez recevoir l'Evangile commenté, ou une parole quotidienne tirée de la litturgie du jour. "Si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu au monde entier! " disait sainte Catherine de Sienne. Avec cette neuvaine, découvrez quel saint se cache en vous et comment devenir sel de la terre!