Estimés dans le quartier, aimés du gouvernement, alliés à la haute bourgeoisie, Monsieur obtient à soixante-cinq ans la croix de la Légion-d'Honneur, et le père de son gendre, maire d'un arrondissement l'invite à ses soirées. Ces travaux de toute une vie profitent donc à des enfants que cette petite bourgeoisie tend fatalement à élever jusqu'à la haute. Chaque sphère jette ainsi tout son frai dans sa sphère supérieure. Le fils du riche épicier se fait notaire, le fils du marchand de bois devient magistrat. Pas une dent ne manque à mordre sa rainure, et tout stimule le mouvement ascensionnel de l'argent. Balzac, La fille aux yeux d'or. Balzac dresse dans ce texte un tableau très réaliste de la société de temps. Les bourgeois sont dans une pauvreté extrême et il leur arrive souvent de cumuler plusieurs emplois. Les parents travaillent trop pour pouvoir élever leurs propres enfants qui sont placés chez des nourrices. Plus tard ils sont envoyés en pension ce qui fait qu'ils ne vivent pratiquement jamais avec leurs parents.
Résumé du document Balzac, l'un des plus grands écrivains français, nait en 1799 à Tours et meurt en 1850 à Paris. Son œuvre monumentale ouvre toutes grandes les fenêtres du roman sur la vie historique et en fait un témoignage et un document de première main. Il exprime son réalisme par le récit, la description et les personnages; un réalisme qui dévoile, met à nu la laideur, le grotesque, l'étrangeté et la violence du réel. C'est le romancier qui, lui-même, a rassemblé l'ensemble de son œuvre dans La Comédie Humaine. La trilogie de l'«Histoire des Treize » a été publiée entre 1833 et 1835, et elle se situe dans le volume IX de La Comédie Humaine, tome I des Scènes de la Vie parisienne qui s'intitule Etudes des mœurs. L'ambition de Balzac est d'effectuer – avec cette trilogie- une étude exhaustive et détaillée sur la société de son temps, comparable à celle que réalise les naturalistes sur les espèces zoologiques = observations minutieuses de la société française de la première moitié du 19ème siècle.
Stéphanie FELTEN A propos de la collection: Plébiscité tant par les passionnés de littérature que par les lycéens, LePetitLitté est considéré comme une référence en matière d¿analyse d¿¿uvres classiques et contemporaines. Nos analyses, disponibles au format papier et numérique, ont été conçues pour guider les lecteurs à travers la littérature. Nos auteurs combinent théories, citations, anecdotes et commentaires pour vous faire découvrir et redécouvrir les plus grandes ¿uvres littéraires. LePetitLitté est reconnu d¿intérêt pédagogique par le ministère de l¿Education. Plus d¿informations sur
Un des spectacles où se rencontre le plus d'épouvantement est certes l'aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n'est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d'intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d'hommes que la mort fauche plus souvent qu'ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l'esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux; non pas des visages, mais bien des masques: masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d'hypocrisie; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d'une haletante avidité? Que veulent-ils? De l'or, ou du plaisir? Quelques observations sur l'âme de Paris peuvent expliquer les causes de sa physionomie cadavéreuse qui n'a que deux âges, ou la jeunesse ou la caducité: jeunesse blafarde et sans couleur, caducité fardée qui veut paraître jeune. En voyant ce peuple exhumé, les étrangers, qui ne sont pas tenus de réfléchir, éprouvent tout d'abord un mouvement de dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissance, d'où bientôt eux-mêmes ils ne peuvent sortir, et restent à s'y déformer volontiers.
Photo by Grillot edouard on Unsplash Avez-vous vu ces petites baraques, froides en été, sans autre foyer qu'une chaufferette en hiver, placées sous la vaste calotte de cuivre qui coiffe la halle au blé? Madame est là dès le matin, elle est Factrice aux halles et gagne à ce métier douze mille francs par an, dit-on. Monsieur, quand madame se lève, passe dans un sombre cabinet, où il prête à la petite semaine, aux commerçants de son quartier. À neuf heures, il se trouve au bureau des passe-ports, dont il est un des sous-chefs. Le soir, il est à la caisse du Théâtre Italien, ou de tout autre théâtre qu'il vous plaira choisir. Les enfants sont mis en nourrice, et en reviennent pour aller au collège ou dans un pensionnat. Monsieur et madame demeurent à un troisième étage, n'ont qu'une cuisinière, donnent des bals dans un salon de douze pieds sur huit, et éclairé par des quinquets; mais ils donnent cent cinquante mille francs à leur fille, et se reposent à cinquante ans, âge auquel ils commencent à paraître aux troisièmes loges à l'Opéra, dans un fiacre à Longchamp, ou en toilette fanée, tous les jours de soleil, sur les boulevards, l'espalier de ces fructifications.