Avant de commencer ce livre, je ne me considérais pas comme "féministe". Je souhaitais le lire pour comprendre ce terme avec la vision d'une femme contemporaine. Je souhaitais également le lire suite à la lecture de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d'Olympe de Gouges (1791). Cette édition Folio 2€ contient le texte "Nous sommes tous des féministes" (p. 9-50) et "Les marieuses" (p. 51-87). Je n'ai pas lu ce deuxième texte. Dans cette chronique, je ne parlerai que des "Nous sommes tous des féministes". Dans les premières pages de ce livre, l'autrice précise le contexte d'écriture: elle faisait une conférence aux USA et on l'a invité à le faire publier. Je tiens à souligner que je me considérais pas comme féministe mais "ma vie / mon expérience" a fait que je voulais enfin poser une définition sur ce terme et comprendre ses fondements. Elle parle de la "femme d'aujourd'hui", sans pour autant parler de toutes les femmes du monde à cause des disparités et du contexte géopolitique de certains pays.
Dans cet ouvrage, la Nigérianne livre 15 suggestions à Ijeawélé, mère de Chizalum Adaora. Arrêtons nous sur le mot " suggestion". La suggestion c'est le fait d'inspirer à quelqu'un une idée; une pensée. Suggérer s'oppose ainsi à imposer et s'apparente à conseiller. Nous en déduisons que le féminisme peut être s'apprend, se conseille, se suggère sans s'imposer. Pour Chizalum…Sa mère devra bannir les rôles de genre pour lui apprendre à être une personne tout simplement. Elle devra lui apprendre à aimer les livres et à comprendre les mots pour ne pas en avoir peur. L'épineuse question du mariage comme accomplissement féminin Chimamanda l'aborde. C'est en effet, l'un des plus grands talons d'Achille des femmes. Car dit-elle " Nous conditionnons les filles afin qu'elles aspirent au mariage mais pas les garçons, ce qui entraîne dès le départ un grave déséquilibre". Plaire ne doit pas être son plus grand soucis, son objectif sera d'être sincère dans ses opinions et vraie dans ses prises de positions.
J'ai pu comparer les essais d'Olympe de Gouges et de Chimamanda Adichie en faisant une lecture successive. J'ai compris l'évolution sociale et historique entre ces deux époques mais il aurait fallu qu'il y ait autant d'évolution matérielle que mentale. D'après la définition posée par l'autrice et mes convictions personnelles, je peux enfin dire fièrement: "Je suis féministe"! Malgré nos différences biologiques, nous pouvons espérer être égaux sur les autres domaines. Je trouve qu'il est important de le lire pour changer d'avis sur l'apriori négatif du terme "féminisme". Je vous invite tous à lire ce texte! Je préciserai comme Kiss the librarian: nous devrions tous être des féministes comme le souligne le titre original de Chimamanda Ngozi Adichie (" We should be all feminists "). Nous devrions tous être féministes!
On leur apprend à devenir virils, ce que la virilité implique, notamment de réprimer sa sensibilité, sa part de féminité, sa fragilité, son insécurité, à craindre la peur et le sentiment de faiblesse. On apprend littéralement à ces petits garçons à devenir de vrais durs à cuir. Mais, ce que cette dureté cache, et ce dont l'autrice nous parle tellement bien, est que derrière cette façade de béton armée que se forge les garçons, se cache un égo fragile, un égo qu'on apprend aux filles à ne pas blesser. Ce qui, encore une fois, est une erreur de l'éducation. On devrait pouvoir s'exprimer librement, sans craindre de blesser un égo fragilisé par une éducation bancale. On devrait apprendre à tous, à ne pas réprimer nos faiblesses, nos insécurités, nos peurs ou autres, et l'ego en sera nettement moins fragile. Le problème avec la détermination sexuelle, c'est qu'elle vous dicte ce que vous devez être au lieu de prendre en compte qui vous êtes. Vous imaginez à quel point nous serions plus heureux, plus libres d'être nous-mêmes, sans le poids de ces conventions.