Mes autres engagements me permettent-ils de prendre une nouvelle responsabilité et de m'engager pleinement? Pourrais-je seul y arriver ou me faut-il trouver d'autres personnes pour s'engager avec moi? Mon action doit peut-être se limiter à trouver des personnes capables, elles, de résoudre la situation? Et oui, choisir d'agir lorsque nous n'avons pas les capacités de résoudre la situation, c'est là faire preuve d'une attitude irresponsable. Il ne s'agit pas de prendre des responsabilités pour prendre des responsabilités, mais de s'engager à agir pour régler une situation et avoir un résultat positif. En fin de compte une personne qui a le sens des responsabilités doit se poser la question suivante avant de s'engager: Suis-je l'homme ou la femme de la situation à ce moment précis de ma vie? La réponse à la question que nous nous sommes posés plus haut est simple: il faut prendre des responsabilités que nous sommes capables d'assumer au moment où nous sommes capables de les assumer. Pour conclure cet article du vendredi, je voudrais souligner le fait qu'il y'a de la satisfaction personnelle à résoudre une situation dont on a volontaire pris la responsabilité.
Canto-Sperber pense aussi qu"il est davantage pertinent de contrôler les actions humaines au moyen de règles qui, de ce fait, placent la responsabilité de chacun dans la contrainte à respecter ces règles. « Cela ne fait peut-être aucune différence dans le concret, mais cela fait une grande différence dans le travail de justifications des normes » (p. 99). Par là, cette définition tend à démontrer que la notion de responsabilité morale est limitée à l"action intentionnelle et qu"il existe diverses formes de relations entre un individu et un état de choses. Selon l"auteur, il faut donc distinguer ces relations, leur donner une définition conceptuelle, et ne pas confondre la notion stricte de responsabilité « avec les autres formes que peut prendre cette relation (obligation de réparation, implication morale, obéissance à une règle) » (Canto-Sperber, 2004, pp. 99-100). Ainsi, selon l"auteur, il n"y a, par conséquent, pas lieu d"invoquer une responsabilité universelle: Ce n"est pas parce que les causalités sont enchevêtrées, ou encore parce qu"entre un sujet quelconque et une action quelconque, on peut toujours concevoir qu"un lien existe, qu"il faille étendre à l"infini la notion de responsabilité en la détachant du schème de l"action intentionnelle ni qu"il faille admettre une responsabilité universelle.
Mais comment peut-on alors définir ce qui incombe à notre responsabilité morale ou non? Canto-Sperber nous propose une conception alternative retenant deux exigences. La première est l"idée selon laquelle la notion de responsabilité se limite à la sphère de l"action intentionnelle. Cette exigence est importante, selon elle, pour « donner un sens à la notion d"imputation dont dépend une grande part de notre rapport moral au monde » (2001, p. 96). Autrement dit, un individu se doit d"être conscient de la portée de ses actes et aussi de pouvoir distinguer s"il agit selon son bon vouloir ou non. La deuxième exigence de Canto-Sperber (2001) met le doigt sur la nécessité de catégoriser les rapports entre nos actions et leurs conséquences, étant donné que dans certains cas, la distinction entre l"acte et ses conséquences est ambigüe. Autrement dit, il existe divers concepts qu"il convient d"utiliser pour citer ces relations de cause à effet. Elle évoque, par exemple, la notion d"implication qui démontre une participation du sujet, sans responsabilité stricte.